lundi 18 mars 2013

Agnès Grey d'Anne Brontë

Agnès Grey est une jeune femme qui décide de prendre son envol et de gagner son autonomie en tant que gouvernante, puisqu'elle aime les enfants, vient d'une famille cultivée et plutôt rigoriste.
Elle se rend vite compte qu'aimer les enfants et l'éducation ne suffisent pas pour éduquer (selon ses normes) des enfants, surtout quand les parents ne jouent pas leurs rôles, sont injustes, versatiles, désintéressés ou encore inconsistants. Agnès aura donc une première expérience dans la famille des Bloomfields qui sera un véritable échec et elle sera même renvoyée au bout de quelques mois. En tant que femme courageuse (et par nécessité), Agnès  retrouvera une famille, les Murray qui ne sera pourtant pas mieux que les Bloomfields. Elle éduquera alors principalement les filles de la famille et tentera de leur inculquer quelques principes et de les élever un peu. La vie d'Agnès est bien morne, entre soumission totale aux désirs de ses élèves, et quelques sorties à l'église ou visite "de charité" chez des personnes souffrantes ou nécessiteuses. Agnès est très résignée à sa condition de gouvernante et a très peu de désirs, elle fait littéralement une croix sur ses perspectives, ses ambitions comme le montre cet extrait:
"Je pus entendre la douce chanson de la joyeuse alouette; alors ma misanthropie commença à se fondre à l'air pur et sous les rayons doux et bienfaisants du soleil; mais de tristes pensées de ma première enfance, des aspirations à des joies passées, ou vers une future destinée meilleure, s'élevèrent."  
Agnès est également très seule, enfermée dans sa salle d'étude, n’interférant ni avec la famille l'employant et leur entourage (tous les personnages décrits étant tous très inconsistant et inintéressant), ni avec les domestiques. Ses seules escapades sont le peu de vacances autorisées avec sa famille, les visites à Nancy Brown à qui elle lit des passages de la bible et surtout, les entrevues avec le nouveau vicaire, Edward Weston.

Agnès Grey est, selon mon opinion, un roman qui dépeint parfaitement la situation et la condition de gouvernante ainsi que celles des jeunes filles trop pauvres pour pouvoir envisager de se marier et d'accéder à une condition de vie descente pour l'époque. La quatrième de couverture de l'éditeur, Archipoche,  parle d'Agnès Grey comme étant une chronique réaliste (je suis d'accord) non dénuée d'humour (là je trouve pas trop...). La vie d'Agnès est très morne, elle est trop résignée, ne s'exprime quasiment jamais à haute voix, même Edward Weston devra la provoquer et lui faire "du rentre-dedans" pour qu'elle se réveille.
De manière générale, ayant lu Agnès Grey après La Dame du manoir de Wildfell Hall (ordre inverse de la chronologie d'écriture), j'ai trouvé ce livre un peu plat par rapport au deuxième. Il manque un peu d'envergure et de panache, de fiction et de romanesque. J'ai vraiment eu l'impression qu'Anne Brontë avait écrit ce premier livre pour expurger sa propre expérience, et qu'elle n'était qu'à un "tour de chauffe" avant d'écrire son vrai chef-d'oeuvre, la Dame du manoir de Wildfell Hall dans lequel elle se permet d'avancer une critique plus osée, aboutie et assumée de la condition féminine et de la société en général. Je n'ai pas ressenti la même empathie pour Agnès Grey que pour Helen Graham, plus affirmée, plus vivante.
Ce fut néanmoins une bonne et agréable lecture. Je conseillerais de lire ce livre avant la Dame du manoir de Wildfell Hall.

Cette lecture s'est effectuée dans le cadre du challenge victorien.




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